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Décryptage du phénomène des boarding schools

Décryptage du succès des Boarding Schools ou Summer & Winter camps auprès des Français

SUMMER CAMP, WINTER CAMP?

Décryptage d’un phénomène en pleine expansion

Eté comme hiver, les américains envoient leurs enfants à l’étranger dans des « colos » huppées et très élitistes. Pas de répit pour la jeunesse dorée, l’avenir, ça se travaille, même pendant les vacances.

Les Summer/Winter camps sont un concept bien connu des américains depuis des dizaines d’année et connaissent un intérêt grandissant, proportionnel à la désaffection grandissante pour nos traditionnelles « colos ».

Les Summer/Winter camps allient développement personnel, esprit de corps et d’équipe, cohésion, créativité et loin de l’image d’Epinal que nous pouvons en avoir, les structures ont évoluées, promettant désormais un complément d’éducation tourné vers l’international.

Ici, pas de séjour de langue type UCPA ou d’échange avec un correspondant mais de véritables écoles, souvent prestigieuses, offrant des cadres grandioses et un enseignement complet et condensé sur 15 jours. Quel parent n’a pas le souvenir de son propre « séjour linguistique », ressemblant plus à une virée shopping à Londres ou new York et dont il est revenu sans parler un traitre mot d’anglais ?

La promesse de ces établissements ? Préparer les jeunes dès le plus jeune âge à leurs futures hautes études et à leur futur choix de carrière. Ainsi, Julia Roberts ne manque pas de rappeler combien avoir fréquenté le Summer camp Birchwood dans le Minnesota lui a été bénéfique, de même que l’actrice Natalie Portman, qui a développer sa créativité sur les scènes de théâtre du stagedoor Manor, à New York pendant ses vacances.

Aux États-Unis, le summer/winter camp est le plus souvent implanté en pleine nature, au bord d’un lac privatif. Les enfants, âgés en moyenne de 6 à 16 ans, logent dans des « cabins », des chalets tout confort, au milieu de la forêt, et multiplient les activités – ski nautique, tennis, rafting, tir à l'arc, équitation, golf, poterie, danse… Le tout encadré par des professionnels, dont d’anciens entraîneurs olympiques.

Il existe aussi des camps à « tendance artistique ». En Grande-Bretagne, les « boarding schools », ou pensionnats à l’anglaise, sont plus académiques mais tout aussi prisées. En Suisse, d’autres établissements sélects entrouvrent leurs portes l’été.

Beaucoup de prestigieuses Universités profitent des vacances pour ouvrir ces fameuses classes aux jeunes, leur permettant de bénéficier de cours d’anglais le matin et d’activités physiques et culturelles l’après-midi.

L’objectif des familles? Obtenir l’assurance d’un enseignement de grande qualité, d’un encadrement professionnel et d’un environnement hors norme.

Moins élitistes financièrement que certains « camps » américains ou Suisses, Il est parfaitement possible d’envoyer son junior à l’étranger avec l’assurance qu’il reviendra plus riche d’enseignement, parlera « vraiment »une langue étrangère et sera plus ouvert aux cultures qui ne sont pas les siennes. C’est ce que les Français recherchent. Enseignement réel, Encadrement et sécurité. Les prix peuvent alors varier de 1500€ à 4000€ les deux semaines tout compris (hors transport aérien)

L’Angleterre, Malte, l’Espagne, l’Allemagne, l’Irlande sont les destinations prisées en Europe. Les Etats-Unis et le Canada gardent la pole position pour les vacances courtes.

Pour les grandes vacances, l’Australie et la Nouvelle Zélande attirent de plus en plus.

La stratégie gagnante ? Lorsque c’est possible, miser sur le mois de mai ou le mois d’octobre, selon Sandra, une mère de « summer campers » aguerrie. Pour trouver l’endroit de ses rêves, chacun sa méthode. Recherche sur Internet, visionnage des vidéos des enfants postées sur les sites Web, passage en revue des témoignages dithyrambiques des parents… « Quand on s’inscrit, mieux vaut montrer patte blanche, poursuit Sandra, qui a offert à sa fille un “riding camp” (un camp d’équitation) dans le Vermont.

 Des parents font même le déplacement pour visiter les lieux. « Je ne lésine sur rien, ni sur la qualité des enseignants, ni sur le nombre de petits Français ! » raconte cette mère qui n’a pas hésité à envoyer sa fille de 10 ans seule avec une amie jusqu’en Caroline du Sud pour qu’elle soit en « immersion totale ». « Le but est que les enfants pratiquent l’anglais ! Ce n’est pas le Club Med », insiste-t-elle. Les summer camps les plus connus viennent même faire leur pub dans certains établissements privés parisiens.

Devant l’intérêt suscité par ces camps de vacances, un nouveau métier est apparu : fixeur ! ou Agent recruteur. Relayé via sa plateforme Internet qui « place » des Français de 10 à 19 ans dans des boarding schools de l’autre côté de la Manche pendant l’été,  Le nec plus ultra étant de devenir bilingue, juniorlanguagecamps.com ou esestudyabroad.com proposent depuis deux ans, été comme hiver, des formules tout compris et des formules sur mesure dans des établissements partout dans le Monde.

D’où vient cet engouement pour ces colos de luxe ? Louise Tourret, journaliste spécialiste de l’éducation et productrice à France Culture, a sa petite idée : « Les langues ont toujours été un facteur de discrimination sociale. Cet apprentissage n’est globalement pas hyper performant en France, il est donc tentant, sachant que cela peut faire la différence pour intégrer une filière sélective puis le monde du travail, de faire progresser ses enfants autrement. C’est le même principe que les cours particuliers. La France est la championne d’Europe des dépenses dans ce domaine. » Le summer camp, surenchère éducative pour parents stressés ? « Avant, on envoyait les enfants dans des familles à l’étranger. Aujourd’hui, les parents ont le sentiment que cela n’est plus suffisant pour préparer leur progéniture au monde compétitif de demain, analyse Anne-Noémie Dorion, coauteure de “Fils et filles de…” (éd. La Découverte). Cette ruée vers les camps d’été ou d’hiver est du même ordre que la bataille pour inscrire son enfant dans des écoles prestigieuses pendant l’année scolaire. Dans l’esprit des parents, bien savoir parler anglais est un prérequis. Au-delà de la maîtrise de langue, on veut que son enfant soit à l’aise partout, baigne dans une culture cosmopolite le plus tôt possible et qu’il se constitue, pourquoi pas, un réseau international pour plus tard. »

Summer camp, smart camp ? Le camp d’été, comme le camp d’hiver, l’antichambre d’une vie « successful » ? Au-delà du « fun » affiché partout, et visiblement atteint, d’autres aptitudes sont mises en avant comme l’« empowerment », la « confiance en soi », l’« esprit d’équipe ». Un parent écrit même : « Ma fille est rentrée plus “assertive” [assurée] grâce à la qualité des gens qu’elle a rencontrés. ».

 Encore plus pointues, des boarding schools anglaises, à l’instar de Cambridge, proposent des mini-MBA le temps d’un été. « Débourser entre 4 000 et 8000€ pour un mois de cours représente un vrai investissement. Certains parents considèrent qu’il s’agit d’une rampe de lancement pour la carrière de leurs ados.

À l’image de cette mère dont le fils aîné a décidé de poursuivre sa scolarité en Angleterre : « Je m’attends à ce qu’il trouve un stage dans une entreprise là-bas et qu’il fasse sa vie à l’étranger. Ce n’était pas planifié, mais c’est génial pour lui ! » Selon Agnès van Zanten, sociologue au CNRS, spécialiste des questions d’éducation, ces summer camps creuseraient même l’écart entre les classes supérieures et moyennes en permettant aux premières de donner à leurs enfants des atouts supplémentaires dans l’accès aux meilleures classes prépas et aux grandes écoles. Les parents interrogés ne voient pas où est le problème. « Le monde bouge de plus en plus vite, explique une maman dont la fille aînée a fait toute sa scolarité à l’École Jeannine-Manuel, et qui parle anglais et chinois. On ne sait pas de quoi sera fait demain, donc chacun prépare le mieux possible ses enfants. Les langues, les études et un bon réseau sont plus que jamais les meilleures assurances pour leur avenir. »

« J’ai découvert ma capacité à m’adapter. Ça m’a fait grandir. »

Mais toutes les familles n’ont pas la même approche utilitariste. « Je n’ai jamais inscrit ma fille en summer session pour qu’elle fasse du networking! » s’indigne Isabella, qui a envoyé son ado plusieurs fois aux États-Unis. J’ai vécu cette expérience en Californie quand j’étais jeune et cela a changé ma vie. J’ai appris plein de choses sur moi-même. J’avais envie que ma fille profite de cette liberté. » Que l’on puisse percevoir ces camps d’été comme des clubs de gosses de riches, enfermés dans la bulle de l’entre-soi, agace aussi Léontine, 16 ans, summer camper depuis l’âge de 13 ans : « C’est vrai que ça coûte cher, qu’on est super privilégiés, mais on est conscients de l’énorme chance qu’on a d’être là. Je me souviens d’un camp itinérant au cours duquel on a fait le tour de la Californie en van pendant vingt-cinq jours. On était tous de nationalités différentes. Certaines filles avaient bossé pour financer leur voyage. Ce fut une expérience unique, on n’a pas pris une seule douche pendant quinze jours, on a apprécié chaque moment, j’ai découvert ma capacité à m’adapter. Ça m’a fait grandir. Grâce à notre groupe sur Facebook, on a gardé le contact. Le dernier jour à l’aéroport, on pleurait. J’ai failli partir en Inde cette année pour faire de l’humanitaire. »

Le « charity camp » est la dernière tendance des camps d’été, qui ont bien compris les aspirations de cette jeunesse ouverte sur le monde. Des vacances qui mêlent humanitaire et apprentissage d’une langue organisées en Inde, en Afrique ou en Thaïlande. De quoi former de futurs philanthropes.